Trauma relationnel : comprendre ses blessures et retrouver le lien à soi et à l’autre.
- Caroline St-Onge

- 24 juin
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 2 sept.

Certaines blessures sont invisibles. Elles ne laissent ni bleus, ni cicatrices apparentes. Et pourtant, elles logent profondément en nous. Ce sont des blessures du lien — des blessures qui naissent à l’intérieur même de relations importantes, parfois dès l’enfance, parfois plus tard dans la vie.
On parle alors de trauma relationnel.
Qu’est-ce que le trauma relationnel ?
Le trauma relationnel est une blessure qui naît à l’intérieur d’une relation significative. Il survient lorsqu’un événement est trop intense, trop douloureux pour être digéré ou contenu au moment où il se produit. Ce n’est pas tant l’événement lui-même qui crée le trauma, mais l’impossibilité d’y répondre de manière sécurisante.
Ce type de trauma est souvent lié à des perturbations dans le lien d’attachement et peut toucher la sécurité intérieure, la confiance, l’estime de soi, le sentiment d’appartenance ou la loyauté.
Quand cette sécurité est trahie ou absente, la blessure s’imprime dans le corps, dans la mémoire émotionnelle, et dans notre façon d’entrer en relation.
Comment se manifeste un trauma relationnel ?
Les manifestations varient d’une personne à l’autre, mais plusieurs symptômes reviennent souvent :
• Difficulté à faire confiance ou à s’ouvrir à l’autre
• Attachement insécure (ambivalent, évitant, désorganisé)
• Répétition de schémas relationnels douloureux
• Tendance à s’isoler ou à s’entourer de personnes toxiques
• Hypervigilance, repli, peur de l’abandon (souvent inconsciente)
• Problèmes psychosomatiques (douleurs, tensions, fatigue chronique…)
• Mécanismes de compensation : suractivité, dépendances (travail, alimentation, substances, achats, etc.)
• État léthargique, désengagement, évitement
• Besoin de contrôle, ou au contraire impression de perdre pied facilement
Ces signes ne sont pas des faiblesses.
Ce sont des mécanismes de protection. Des stratégies d’adaptation intelligentes, que le corps a mises en place instinctivement, au moment où il vivait une situation trop intense ou menaçante.
Elles n’ont pas été choisies consciemment, mais elles ont permis de survivre, de traverser, de continuer à fonctionner malgré tout.
Le corps est profondément intelligent : il choisit toujours la meilleure option possible dans les circonstances. Et ce qui a protégé à une époque… peut ensuite être doucement mis à jour, lorsque l’environnement devient plus sécurisant.
Pourquoi le corps est au cœur de la guérison ?
Le corps conserve la mémoire des événements, parfois bien au-delà du souvenir conscient. C’est ce qu’on appelle la mémoire corporelle. Il parle un langage sensoriel : sensations, émotions, tensions, mouvements, énergie.
Même si la tête veut aller de l’avant, le corps peut rester figé dans le passé. Pour guérir, il faut donc recréer un dialogue avec ce corps, à travers un accompagnement qui respecte son rythme et son intelligence.
En quoi le Somatic Experiencing peut-il aider ?
Le Somatic Experiencing (SE) est une approche psycho-corporelle douce et puissante, qui s’adresse directement au système nerveux.
Elle permet de :
• Stabiliser les ressources internes et externes de la personne
• Revenir à un état de sécurité intérieure
• Augmenter la capacité d’auto-régulation émotionnelle
• Travailler progressivement avec les sensations, images, émotions ou mouvements liés aux événements relationnels passés
À partir d’un contenant intérieur plus solide, il devient possible d’aborder les expériences douloureuses (ex. : rupture de lien, divorce, deuil, trahison) sans être submergé·e.
Un message d’espoir
Rien n’est figé dans le temps. Le corps, comme la vie, est en mouvement.
En yoga, on parle de l’impermanence — cette idée que tout passe. Cela signifie aussi que les liens peuvent évoluer et se réparer.
Même si on ne contrôle pas toujours les événements extérieurs, on a le pouvoir de choisir comment les traverser : avec dignité, amour et conscience.
La réparation commence toujours en soi — dans ce retour au corps, à la présence, et à ce lien intérieur qu’on peut peu à peu restaurer.
Conclusion : Rien n’est figé, tout peut évoluer
Le trauma relationnel n’est pas une fin en soi. C’est une invitation.
Un appel à revenir vers soi.
À réapprendre à ressentir.
À remettre du mouvement là où tout s’était arrêté.
Et à retrouver, peu à peu, la capacité d’être en lien sans se perdre, sans se trahir.



